PAUSE/ UPL : Laeiq Ahmadi, archéologue afghan en résidence en France
L’Université Paris Lumières s’engage avec le programme PAUSE auprès des artistes et archéologues en exil. Découvrez le parcours de Laeiq Ahmadi, archéologue afghan de Bâmiyân accueilli dans le cadre de ce programme.
Laeiq Ahmadi, archéologue afghan de Bâmiyân
Formé à l’archéologie en Afghanistan et au Kazakhstan, Laeiq Ahmadi occupe en 2021 le poste de professeur et de chef du département d’archéologie de l’université de Bamiyan, région célèbre pour ses Bouddhas monumentaux détruits en 2001 par les Talibans. Dans le cadre de son travail, il a régulièrement collaboré avec les archéologues internationaux. Pour les Talibans, cette simple occupation peut suffire à entraîner une condamnation à mort. De plus, appartenant à la minorité religieuse chiite des Hazara, qui pratique un Islam différent de celui des Talibans, Laeiq Ahmadi est doublement en butte à l’hostilité de ces derniers, une situation aggravée par ses fréquentes apparitions dans les médias comme défenseur des ouvrages multimillénaires que les Talibans s’obstinent à détruire par intolérance et fanatisme.
Quitter l’Afghanistan
La prise de Kaboul à l’été 2021 l’oblige à quitter l’Afghanistan avec son épouse et leurs deux enfants. L’université Paris Lumières et le Musée National d’Archéologie (MAN) situé à Saint-Germain-en-Laye leur proposent alors une résidence pour une année avec le soutien du Programme PAUSE et le Labex « Les passés dans le présent ». Mais ils doivent transiter par la Turquie et l’Italie, avant de pouvoir arriver en France. Pendant cette période, les Ahmadi sont accueillis en résidence pendant deux mois à la Villa Médicis, en collaboration avec UPL, ayant ainsi l’occasion de partager leurs travaux et leur expérience avec les pensionnaires et l’équipe de cette institution, à travers deux interventions :
- « Artistic and Cultural Heritages: Conflict, Protection, Reconciliation and Sustainable Growth (Discussion issue: Afghanistan) », Académie de France à Rome, novembre 2021.
- « Conflict & Archeology in Afghanistan: A historical perspective », École Française de Rome, 14 décembre 2021.
Ils ont également pu rencontrer et échanger avec la communauté scientifique de l’École française de Rome.
La résidence en France
Leur statut de réfugié est reconnu en 2022. Ils arrivent à Saint-Germain-en-Laye fin janvier 2022. Au Musée National d’Archéologie, ils valorisent leurs connaissances sur l’Afghanistan par la participation au projet « Grands Sites Archéologiques ». L’année 2022 marquant également le centenaire de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA), ce fut l’occasion pour les Ahmadi de participer aux nombreuses manifestations organisées afin de célébrer la longue et fructueuse coopération archéologique entre la France et l’Afghanistan.
En parallèle de ses travaux au MAN, son insertion dans le domaine académique français s’est également déroulée dans le laboratoire de l’UMR 7041 ArScAn, Archéologies et Sciences de l’Antiquité, et plus particulièrement en lien avec l’équipe « Archéologie de l’Asie centrale », riche d’une longue expérience de recherche en Afghanistan. En juin 2022, Laeiq Ahmadi participe à la commémoration de la destruction des Bouddhas de Bamiyan à Nanterre (« The 22th Anniversary of the Destruction of the Buddhas of Bamiyan and Archaeological Remains of Afghanistan »).
La décision de poursuite d’études du candidat n’a pu commencer à se mettre en place que tardivement, à partir du début de l’été 2022, le temps de choisir un nouveau sujet de thèse plus à même d’apporter de solides perspectives professionnelles. Un retour sur le terrain centrasiatique étant impraticable à court terme, Laeiq Ahmadi a ainsi commencé une thèse en archéologie romaine à l’Université Paris-Nanterre (UPN), sous la direction de Ricardo Gonzalez Villaescusa et de Laurent Costa. Ce projet s’inscrit dans un renouvellement du soutien du programme Pause, toujours avec le soutien du Labex et l’université Paris Nanterre mais avec de nouveaux partenaires, comme le mécène Archaïos, une société de recherche scientifique dans le domaine du patrimoine et de l’archéologie avec la Fondation UPN/UPL et de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), lequel a activement contribué au choix du sujet de thèse de Laeiq Ahmadi.
Cette thèse porte sur le traitement et la création de cartes thématiques sur les opérations de l’INRAP, par la création d’un SIG (système d’information géographique) accessible en open access, suivant les critères de Science Ouverte. L’objectif principal est de constituer un corpus stable à disposition de la communauté scientifique de toutes les agglomérations urbaines de la Gaule romaine ; l’objectif secondaire est de mesurer l’impact de ladite archéologie préventive dans la connaissance du fait urbain romain et gallo-romain. À moyen et court terme, ces travaux contribueront à insérer Laeiq Ahmadi dans la recherche archéologique française.
Photo : Rencontre à Saint-Germain-en-Laye au Musée National d’Archéologie en avril 2022.
De gauche à droite, Fabienne Brugère , présidente de l’UPL, Rose-Marie Mousseaux, présidente du MAN, Olivier Bordeaux chargé de recherche ArScAn, Laeiq Ahmadi et son épouse Fatima Mohammadi.